La Fille en Rouge, ou un retour aux sources de la photographie évènementielle !
Quand on parle de photographie évènementielle, aujourd’hui, on pense principalement à de grosses manifestations, moi le premier. J’ai couvert des festivals avec des dizaines de miliers de spectateurs, des courses en montagne, de l’ultra trail avec des gens qui courent plus de cent kilomètres… Mais l’évènementiel, ce n’est pas que ça !
Au début, j’ai fait mes armes en photographiant des petits groupes de musique. Ils apprenaient aussi, dans des bars mal éclairés, avec une balance approximative et des amplis qui grincent… J’ai travaillé pour des gens peu scrupuleux qui ne m’ont pas payé, ou pour des structures sans moyens.
Mais avant tout cela, il y a la rue…
Un morceau de bitume, une personne volontaire, c’est tout ce qu’il faut.
Je suis revenu à ces bases grace à La Fille en Rouge. Une comédienne aux passés multiples, qui joue en ce moment un spectacle mêlant histoire et sociologie contemporaine.
Je l’ai découverte dans la poussière, assis sur des cailloux instables, dans une grotte. Dans le cadre d’une prestation croisée avec son tatoueur, elle nous a présenté les prémices de ce spectacle qu’elle écrivait, sur l’anarchie, l’anarchisme, et tout ce qui va avec.
Dansons la Ravachole !
Plus anar que le concept, dans ma tête, il n’y avait pas. Jouer, dans une grotte, un spectacle pas fini, avec pour seul matériel une enceinte portable, un téléphone et un micro… C’est déjà punk. Quand la grotte en questions est tagguée, que la “scène” est délimitée par des rubalises déchirées, et que doit s’ensuivre un tatouage “improvisé”… Toutes les limites sont repoussées !
J’en ai profité pour faire une série de photos, j’ai apprécié le moment que l’on a passé ensemble, mais ça s’est arrêté là. Le spectacle était entraînant, drôle et dérangeant, remuant, étrange. Une belle après-midi en somme, terminée vite, mais j’avais de la route à faire ensuite, donc je suis reparti.
La photo évènementielle, c’est du témoignage.
Lorsque La Fille en Rouge a posté un appel aux photographes sur facebook, je me suis dit, pourquoi pas. Je ne suis pas surexcité à l’idée de revoir un spectacle que j’ai déjà vu, mais j’ai toujours plaisir à faire des photos, à découvrir de nouveaux lieux, et je me suis dit que ça serait l’occasion de passer un peu plus de temps avec elle.
Mon sac fait, je suis parti assister à une représentation du Festival Précaire, à Bourganeuf.
Nouvel espace…
J’y ai retrouvé une Fille, toujours en Rouge, que je connaissais, mais j’ai assisté à un spectacle totalement nouveau. Déjà, on n’était pas dans une grotte, mais au “Théâtre de Verdure”, une placette pavée et fleurie en centre ville de Bourganeuf ! L’endroit est magnifique, au milieu de bâtiments médiévaux, de tours et d’une église, dans un début de soirée qui nous rafraichit après une chaude journée. D’un fil tendu entre deux enceintes pend un grand drap, mi rouge, mi noir, qui annonce la couleur !
En face, une série de bancs disposés en arc de cercle se remplissent de familles. Le lieu est radicalement différent de la première représentation, le public aussi, et l’ambiance n’a donc rien à voir !
Nouveau spectacle !
Mais c’est la représentation elle-même qui a évolué. Le spectacle vivant tire son nom de toute sa plasticité, et chaque itération amène son lot de nouveautés, d’erreurs, d’improvisations, qui sont parfois ensuite intégrées volontairement dans les dates suivantes.
Je me suis retrouvé happé, embarqué dans cette nouvelle histoire, sans savoir si la chute dont je me souviens sera toujours là, ou si c’est ma mémoire qui me joue des tours. Le spectacle à évolué. Plus de contenu, certaines parties sont allégées, d’autres allongées, l’interaction avec le public n’est plus la même… Les accessoires non plus !
Sur ma carte mémoire, les deux représentations cohabitent…
Mais chaque série d’images témoigne d’un moment différent, suspendu. Les similitudes ne font qu’amplifier les différences, et je suis aujourd’hui heureux de pouvoir proposer cette vision à La Fille en Rouge. Deux étapes dans la construction du spectacle, deux instantanés d’une même idée. Elle lui a laissé du temps, de l’espace, et ca leur à permi cette évolution.
Le Spectacle !
Plus important encore que tout ça, le spectacle est “vécu”. Ce n’est pas un texte récité, sans âme, fade et indigeste. C’est un cours d’histoire et d’histoires, un dialogue entre une punk, surexitée et passionnée, et une prof, gentille mais un peu dépassée ! La fille en Rouge est seule sur sa scène, mais ses personnages s’invectivent ! Ils se répondent, se questionnent, et se tournent finlement vers le public pour chercher des réponses, du soutien, ou simplement pour le plaisir.
On est embarqués dans l’histoire de Ravachol, mais on s’en éloigne vite. On ne la voit que de loin, globalement, dans ce qu’elle a de brut et d’important. Des détails sont parfois mentionnés, parfois ignorés, mais toujours cinglants. La performance est un concentré d’énergie, de colère et d’espoir, d’envies et de dépit, et ne peut laisser indifférent que ceux qui ont décidé de l’être avant même de regarder. A voir. Et, du coup, à revoir !
J’ai vu la version “rue” sur les deux représentations, mais une version “théâtre” existe, en salle, qui permet une mise en scène différente… J’espère pouvoir y aller, pour me faire une idée, voir les différences… Et bien entendu avoir encore de nouvelles images !
La photographie évènementielle, documentaire et participante
Aujourd’hui, toutes ces images me permettent bien entendu d’illustrer cet article et, je l’espère, de vous donner envie d’aller voir le spectacle ! Si c’est le cas, vous retrouverez les dates sur la page Facebook de la comédienne !
Cet aspect documentaire peut lui servir aussi. Elle pourra elle-même exploiter ces images pour en faire une promotion, un portefolio, qui sait ? Le proposer dans ces structures plus grosses, qui s’attardent plus sur la qualité de la plaquette que celle du spectacle ?
Mais ces images permettront aussi de porter un regard nouveau sur son spectacle, via un angle de vue qu’elle ne peut forcément pas avoir. Etant sur scène, il est difficile de visualiser ce que verra le public, ce qu’il entendra, ce qu’il ressentira. Par ces images, j’espère aussi lui amener ces détails, et pourquoi pas aider à générer de nouvelles idées ?
Lorsque l’on en a discuté, elle m’a raconté qu’une des représentations les plus difficiles pour elle a été la plus appréciée. Une captation vidéo lui a permis de réutiliser certaines erreurs, et d’en rectifier d’autres.
J’espère que mes photos sauront apporter autant à son spectacle, demain, que ce qu’il m’a offert, hier et aujourd’hui !
Vous en pensez quoi ?
N’hésitez pas, vraiment, à me dire dans les commentaires ce que vous pensez de tout ça, de l’impact de la photo sur le quotidien, spectacle ou non !
Contactez La Fille En Rouge si vous souhaitez la programmer, ou simplement voir son spectacle !
Si tout ça vous passe au dessus, et que vous êtes ici pour des photos de mariage, allez-donc jeter un œil sur ma galerie, ou sur cette série d’articles !
Comme toujours, si ça vous plaît, partagez cet article et venez me voir sur Instagram, et si ça vous déplaît, dites-le moi !
Leave A Comment